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AUGMENTATION DE LA QUANTITE DE TRAVAIL
Dans la partie précédente, nous avons évoqué trois raisons structurelles qui ont un impact négatif sur l’emploi.
Nous allons maintenant voir les éléments qui influencent positivement la quantité de travail disponible.
Au quotidien, nous pouvons ressentir, le manque d’effectifs dans les maisons de retraites, les hôpitaux… des bureaux de poste qui ferment, des services publics qui déclinent….
Démographie
L’allongement de l’espérance de vie génère un accroissement grandissant de la génération des seniors et donc parallèlement de ses besoins. En Europe à partir de certains seuils les personnes âgées sont placées dans des institutions spécialisées pour les accueillir car l’habitat inter-générationnel a explosé pendant les trente glorieuses. Malgré le dévouement des personnels dans les maisons de retraite, les sous effectifs rendent les conditions d’existence à la limite du supportable, voir deviennent de la maltraitance avérée.
Dans la plupart des pays européens, nous manquons d’emplois pour nous occuper des seniors, mais nous ne manquons pas de travail dans le secteur.
Souffrance au travail
Le nombre de personnes vivant des situations de burn out ou de dépression au travail a explosé. La NZZ am Sonntag a publié le 12 janvier 2020 un article sur l’explosion des cas d’arrêts de travail pour cause de burn-out depuis 2012 en Suisse. Les absences professionnelles pour problèmes psychiques ont augmenté de 70%. Dans six cas sur dix, l’épuisement professionnel ou la dépression sont en cause. Les arrêts pour maladie mentale sont en augmentation de 50% depuis 2012. (1)
Le retour a l’emploi est bien souvent compromis car la pression au travail est trop forte…
Ces personnes ont besoin d’être entourées dans le domaine de la formation, de l’intégration, de la reconversion professionnelle, de l’aide psychologique…
Nous avons encore un contexte avec beaucoup de travail mais pas assez d’emplois.
Secteur social
La proportion de population vivant depuis de longues périodes (plus de 18 mois) en marge de la société est grandissante.
Avec quelque 670’000 personnes touchées, la pauvreté a pris de l’ampleur en Suisse, en passant de 7,5 à 8,2% de la population en 2017, soit une hausse de 10% en un an, selon le rapport social de l’Office fédéral de la statistique. Parmi ces personnes, on compte environ 140’000 working poor, soit des personnes qui, bien qu’ayant une activité professionnelle, sont considérées comme pauvre. L’étude estime par ailleurs que 1,9 millions de personnes en Suisse seraient menacées de pauvreté.(2) Le nombre de bénéficiaires de subsides pour payer leurs primes d’assurance maladie en 2017 est de 26,4% des résidents suisses. (3)
Pour le reste de l’Europe, la pauvreté ne diminue pas, bien au contraire. Dans l’UE, 109,2 millions de personnes vivent encore dans la précarité. Soit 21,7 % de la population de l’Union européenne.(4)
Ces personnes en précarité ont besoin d’être entourées dans le domaine de la formation, de l’intégration, de la reconversion professionnelle, de l’aide psychologique…
En Suisse, le nombre de places de crèches n’est pas assez important quand nous voyons les besoins des familles, le graphique ci-dessous est éloquent.
Autre point préoccupant à souligner, dans leur stratégie de désengagement du secteur social, les états baissent les budgets pour la solidarité comptant sur le secteur associatif pour prendre le relais pour faire face à la pauvreté et la précarité. Résultat plus de bénévolat et moins d’emplois rémunérés.
Nous pourrions dire que nous n’avons pas besoin de créer des emplois pour tous ces soi-disant besoins. Les femmes pourraient faire une pause dans leur vie professionnelle pour élever leurs enfants, les personnes âgées pourraient mourir tranquillement ils ne font pas de bruit et ne votent plus, les pauvres n’ont qu’à se lever le matin et aller travailler. Oui nous pourrions dire cela !
Seulement nous ne pouvons pas le dire sans dénier notre ADN, ce qu’est notre nation. Si nous reprenons le préambule de la constitution suisse (5), nous avons en quelque sorte la feuille de route de notre pays. Cette vision unit notre peuple et la renier aurait ni plus ni moins l’effet de faire voler en éclat le ciment social qui constitue notre nation. Fermer notre coeur n’est donc pas anodin, c’est anti-constitutionnel !
Tant que notre nation ne prend pas ses responsabilités par rapport à ce qui est écrit dans notre constitution, la phrase : « On manque d’emplois mais on ne manque pas de travail » se vérifiera !
Références :
(1)
https://nzzas.nzz.ch/wirtschaft/burnout-arbeitsausfaelle-steigen-auf-rekordhoch-ld.1533349?reduced=true (en allemand)
(2)
https://www.rts.ch/info/suisse/10553322-la-pauvrete-gagne-du-terrain-en-suisse-et-touche-plus-de-8-de-la-population.html
(3)
https://www.bag.admin.ch/bag/fr/home/versicherungen/krankenversicherung/krankenversicherung-versicherte-mit-wohnsitz-in-der-schweiz/praemienverbilligung/monitoringpraemienverbilligung.html
(4)
http://www.leparisien.fr/societe/les-chiffres-inquietants-de-la-montee-de-la-pauvrete-en-france-17-10-2019-8174907.php
(5)
Préambule de la constitution suisse :
« Au nom de Dieu Tout-Puissant! Le peuple et les cantons suisses, conscients de leur responsabilité envers la Création, résolus à renouveler leur alliance pour renforcer la liberté, la démocratie, l’indépendance et la paix dans un esprit de solidarité et d’ouverture au monde, déterminés à vivre ensemble leurs diversités dans le respect de l’autre et l’équité, conscients des acquis communs et de leur devoir d’assumer leurs responsabilités envers les générations futures,
sachant que seul est libre qui use de sa liberté et que la force de la communauté se mesure au bien-être du plus faible de ses membres »