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Le 28 novembre 2019, la chaine Youtube : « Le média » a fait une émission très pertinente sur le sujet de la grève du 5 décembre 2019 en France : « la révolution jaune » Les intervenants de cette émission étaient : – Mathilde Larrère – Historienne – Edwy Plenel – Cofondateur de Mediapart – Pascale Fautrier -Enseignante et écrivaine – Patrick Farbiaz – Militant écologiste et gilet jaune du 20 eme (Paris) Il me paraissait important de faire un article sur la grève commençant le 5 car les enjeux sont d’une grande importance pour l’avenir de la France. J’ai essayé de résumer au mieux leurs propos. Si vous désirez voir l’émission complète voici le lien :

La violence

Jamais depuis la libération, la répression ne fut aussi féroce contre un mouvement social qu’avec le mouvement des gilets jaunes : 10 000 gardes à vues, 25 éborgnés, 5 mains arrachées, 1 mort, plus de 2 000 blessés sans compter les condamnations, amendes….Il y a eu crime de non assistance à personne en danger.

Nous sommes peu habitué à voir ce niveau de violence, chez nous, mais celle-ci n’est pas nouvelle et nous la retrouvons depuis longtemps dans la dimension coloniale mais également les révolutions de 1830, 1848 et récemment contre les banlieues en 2005.

Le brésilien Dom Helder Camara nous dit qu’il y a trois sortes de violences :
« La première, mère de toutes les autres, est la violence institutionnelle, celle qui légalise et perpétue les dominations, les oppressions et les exploitations, celle qui écrase et lamine des millions d’Hommes dans ses rouages silencieux et bien huilés.
La seconde est la violence révolutionnaire, qui naît de la volonté d’abolir la première.
La troisième est la violence répressive, qui a pour objet d’étouffer la seconde en se faisant l’auxiliaire et la complice de la première violence, celle qui engendre toutes les autres.
Il n’y a pas de pire hypocrisie de n’appeler violence que la seconde, en feignant d’oublier la première, qui la fait naître, et la troisième qui la tue. »

L’appel à la grève du 5 décembre, n’est-il pas une forme de contestation à la première et troisième forme décrite par Helder Camara ?

La manipulation

Face à une violence étatique très présente (qui a le monopole légitime de celle-ci), des techniques classiques de manipulation sont utilisées par le gouvernement pour faire diversion et mettre les français les uns contre les autres en brandissant la xénophobie, l’islamophobie, l’antisémitisme…

Le piège du replis identitaire est offert par le haut. La manipulation consiste à envoyer de la peur, de la haine et à inculquer que notre culture est supérieure, notre nation supérieure.
On retrouve cette manipulation avec les gilets jaunes.
Le danger vient d’en haut depuis toujours (récemment la place faite à Eric Zemmour sur C-News en est un bon exemple)

Récemment nous avons pu voir les jeunes pour le climat, le comité Adama et les gilets jaunes ensemble dans une manifestation et pas les uns contre les autres.
Un slogan parmi d’autres qui était scandé : « Oui à la critique de la religion , non à la haine du croyant ! »

Ceux qui sont contre les gilets jaunes, qui ont la haine du peuple, ce sont les mêmes qui sont contre le mouvement Me-too, contre les musulmans et qui pense que Greta Thunberg est une demeurée.

Choix politiques et économiques

Depuis le début du quinquennat du président Emmanuel Macron, il est fait une attaque et une remise en question des acquis sociaux sans précédant depuis la seconde guerre mondiale : la sécurité sociale, l’assurance maladie, le système des retraites, régime chômage, les régimes spéciaux.

La mission redistributive de l’Etat fut abandonnée à l’époque du président Nicolas Sarkozy.
Nous sommes aujourd’hui dans une forme de Monarchie élective d’ancien régime.

Il y a une élite qui se croit propriétaire de ce qui est bien. Il y a une vraie distance « des sachants ».
Cette élite peut très bien s’appeler les conservateurs.

Le néolibéralisme capte l’argent comme un aspirateur géant où les pauvres deviennent encore plus pauvre et sont dépossédés du peu qu’ils ont.
Cette dépossession de tout est citée par Jérôme Baschet dans son livre : « une juste colère, interrompre la destruction du monde »

Il est aussi cité, John Holloway – Sociologue et philosophe Marxiste qui dit : « Nous sommes comme dans un film de science fiction, les murs se rapprochent, se rapprochent et les gens au milieu discutent de la répartition des meubles. »

Un cri de désespoir

Le mouvement social est profond, il y a une dimension populaire où une grande partie de la population s’est retrouvée, même les petits patrons, artisans….
Il y a une grande souffrance sociale en France, beaucoup n’arrivent pas à finir leur mois et une fraction croissante, n’ont plus rien dès le 15 du mois.
Le soulèvement remet en question un ordre établi capitaliste en exprimant de la rage, de la souffrance et de la misère. Les gens crient car ils sont désespérés et ont peur d’entrer dans la misère ; la détresse est massive.
Ces derniers temps, les émotions souvent retrouvées chez les gilets jaunes étaient : aigreur, ressentiment, pas de gaité, colère.

Le mouvement des gilets jaunes est une fractale des clivages sociaux français.
Tous les mouvements révolutionnaires depuis 3 siècles sont plurivoques (toutes les classes sont représentées). C’est donc normal de retrouver ce large spectre chez les gilets jaunes. A la fin de chaque révolution il y a une partie/classe qui gagne, qui tire son épingle du jeu, et où les autres ont le sentiment de s’être fait voler une partie de leur révolution.

Revendications

Le mouvement est contre l’injustice fiscale, sociale et récemment environnementale.
Les gilets jaunes essayent de défendre leur mode de vie qui est piégé, contraint, où le 1er du mois 80% du budget part dans les charges incompressibles (traites, énergie, impôts…)
C’est une révolte pour la survie.

Les gens veulent plus de liens moins de biens !

Nous voulons vivre et travailler au pays avec 3 demandes :
-Le droit d’avoir une vie descente
– Le droit au respect
– Les gens veulent décider (RIC…)

Le 5 décembre 2019

Le 5 beaucoup vont manifester, même les médecins, les infirmières, les avocats, policiers, magistrats, pompiers ! La question qui se pose est : Va t’il y avoir masse ?

Est ce que l’occasion va être attrapée le 5 décembre ?
Nous sommes dans une course de relais, est-ce que le passage de témoin va se faire entre les gilets jaunes et ceux qui vont manifester ?

Après le 5 décembre 2019 ?

Le 5 sera un évènement pour lequel il y a une grande part d’incertitude.
Des solutions viendront si le 5 est une grève massive.

Nous devons maintenant descendre dans la rue, un autre monde doit naitre, qui doit briser les féodalités capitalistes. Il y a un rapport de force considérable.

Ce mouvement à un pouvoir de transformation intérieur.

Nous sommes aujourd’hui dans une impasse politique, une question est à résoudre : Quelle forme prendre, démocratie directe ou participative ? Autrement dit : la sortie de crise se fera part un état fort ou pas ? Chez les gilets jaunes, beaucoup de personnes pensent à l’état fort, mais également une approche hybride entre état et communalise, les 2 peuvent aller ensemble .

Citation de Antonio Gramsci – philosophe, écrivain, théoricien politique
« Il y a un vieux monde qui est en train de mourir et qui n’a pas envie de mourir et un nouveau monde qui tarde à naitre et dans l’entre deux surgissent les monstres »

Passage du monde de la production à la distribution , le blocage d’Amazon est un symbole.

Dans quelques mois il y a les municipales , des listes citoyennes, des listes de gilets jaunes se constituent …. Beaucoup sont également sans liste et intègrent d’autres listes. Un mouvement de fond de se prépare pour se réapproprier la politique.

Il est difficile de savoir ce qui va se passer après le 5 et chacun dans l’émission veut respecter la direction que voudra prendre le peuple.

Quelques citations :

Pour le pouvoir du peuple, par le peuple pour le peuple : Lincoln
Revenir à la liberté, égalité fraternité, sobriété !
Agir local, penser global
Agit dans ton lieu, pense avec le monde !

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